Que nous inspire le dernier rapport du GIEC?

par | Mar 29, 2022 | Développement durable, Ecologie, Géographie, Urbanisme | 0 commentaires

La guerre engagée par la Russie en Ukraine, a relégué à l’arrière-plan l’actualité du réchauffement climatique. Celui-ci n’a pourtant pas disparu par miracle. Fin février 2022 est parue la seconde partie du rapport d’évaluation du GIEC, qui cible plus particulièrement l’évaluation des impacts présents et futurs du réchauffement climatique d’origine humaine.

Nous vous avons exposé dans notre billet de rentrée certains des principaux messages du rapport du premier groupe de travail, réaffirmant la réalité du réchauffement climatique. Le second groupe de travail, constitué de 270 auteurs a sollicité des milliers d’experts pour élaborer différents scénarios d’évolution climatique et leurs impacts prévisibles. Ils ont examiné les risques projetés et observés, et les éventuelles mesures pouvant permettre d’en atténuer les effets.

Comment se conjugue le risque climatique d’origine anthropique ? Comment concevoir des modes de développement résilients au climat ? Comment imaginer des parades aux effets dévastateurs du réchauffement climatique sur des pans entiers de la vie de notre planète ? Comment le faire en gardant un objectif de justice sachant que les écosystèmes régionaux et les sociétés humaines sont inégalement impactés ? Ce sont les questions posées par le groupe de travail auxquelles le rapport tente d’apporter des voies de réponse.

Les auteurs ont distingué huit catégories d’aléas déclinées en 127 risques. Les risques vont de ceux posés aux écosystèmes terrestres et océaniques, à la santé humaine, à la sécurité alimentaire, aux infrastructures. De nombreux tableaux montrent comment ces risques impactent chaque zone géographique. Comme on le suppose aisément, le risque d’insécurité alimentaire et de non accès à l’eau potable se pose différemment selon les régions, leur densité démographique, leur niveau de développement, etc..

La tonalité de ce rapport n’est guère plus optimiste que celle des précédents. Il nous confronte à des résultats têtus : le réchauffement d’origine humaine est inéluctable et ses conséquences seront sévères. De notre capacité à agir dépend la gravité des atteintes que subiront la planète, les écosystèmes et les sociétés humaines. Si la capacité à restreindre le réchauffement à +1,5 degrés par rapport au début de l’ère industrielle s’amenuise, notre réactivité et nos actions entreprises rapidement peuvent atténuer le degré d’irréversibilité des impacts du changement climatique.

Certaines modifications des écosystèmes sont d’ores et déjà irréversibles. La difficulté d’agir provient du fait que les atteintes à l’environnement, et les changements sont inégalement répartis sur toute la planète. Les zones les plus à risque de subir les effets du réchauffement climatique, sont souvent les zones où se trouvent les populations les plus vulnérables, moins à même d’engager des processus d’adaptation ou d’atténuation efficaces.

Les risques se composent, ou entraînent des effets en cascade difficilement maîtrisables. Comme la combinaison de la succession des épisodes de sécheresse et d’inondations qui accélèrent l’érosion des sols, lessivent les parcelles cultivables, et mettent en danger l’habitat humain, la santé humaine et la sécurité alimentaire.

Depuis la création de la CCNUCC (convention-cadre des nations unies sur le changement climatique), des mesures ont été engagées dans différents pays. Les travaux de ce second groupe de travail évaluent l’efficacité de celles-ci, et montrent les effets parfois contre-productifs à long terme de certaines solutions court-termistes. 170 pays ont adopté des mesures visant à répondre au défi posé par le réchauffement climatique. Mais trop souvent ces mesures sont partielles, incomplètes, et manquent de cohérence sur le long-terme. Elles ne prennent pas en compte la façon dont les risques se composent et forment système. L’évaluation des solutions montre les impacts différentiés des divers types de mesures d’adaptation envisagées.

Les auteurs soulignent l’enjeu de la justice climatique : il faut aider les pays les moins à même d’investir, les populations les plus vulnérables parce que marginalisées. La moitié de la population mondiale est vulnérable à l’accélération du réchauffement climatique d’origine anthropique, et elle ne vit pas forcément dans des pays ayant les moyens d’investir massivement dans l’adaptation aux effets du réchauffement climatique.

Devant l’ampleur des rapports produits à longueur d’années par les groupes de travail, et la complexité des solutions on peut se poser certaines questions. Pourquoi continuer à publier ces rapports dont la teneur ne diffère que marginalement des précédents ? Ne risque-t-on pas de paralyser les initiatives ? d’entretenir l’écho-anxiété des jeunes générations qui n’osent plus se réjouir de ce qu’un printemps est précoce, par peur que cela ne soit un signe avant-coureur de la catastrophe annoncée ?

Chez Rendre Le Désert Habitable, nous avons regardé plus attentivement la partie concernant la création de nouvelles formes urbaines, parce que c’est notre entrée dans le sujet. Il apparaît que la création de nouvelles agglomérations de grande envergure ex-nihilo n’est pas une solution qui résoudra massivement les problèmes des 3,5 milliards d’êtres humains qui sont menacés de déplacement à moyen terme. Les créations de nouvelles capitales administratives qui se déploient dans un certain nombre de pays comme l’Indonésie, l’Egypte ou le Sénégal, sont des solutions technocratiques qui ne déplacent que les catégories de population les plus mobiles, et les plus aisées. Seules les classes moyennes supérieures peuvent envisager de se loger dans les immeubles flambant neufs des nouvelles cités. Dans ce cas, il faut envisager la résilience des agglomérations pour inclure toutes les populations. Ou, tout en sachant que cela restera une solution de niche, imaginer des modèles d’installations sobres et accessibles ? C’est un défi qui nous paraît digne d’intérêt !

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