Meilleurs voeux pour 2024 !

par | Jan 9, 2024 | Philosophie | 2 commentaires

Alors que nous avons refermé la page d’une année 2023 qui a battu des records de chaleur dans de nombreuses parties du globe, en hiver, comme en été, est-il encore raisonnable de se souhaiter une bonne et heureuse année 2024? Que vous souhaiter, chères lectrices et lecteurs, que nous souhaiter ? L’exercice est un peu vain. Voire répétitif, parfois agaçant. Comment éviter l’écueil des formules toutes faites et des expressions à tel point ressassées qu’elles en perdent toute crédibilité? Comme le titre un article de Nicolas Truong dans la rubrique idées du quotidien Le Monde : « en ces temps tragiques que nous est-il permis d’espérer? ».

Il est plus facile de voir le verre à moitié vide que le verre à moitié plein, surtout lorsque médias et réseaux sociaux s’allient pour amplifier les nouvelles catastrophiques. Pourtant, il nous faut cultiver l’espérance, ce « désespoir surmonté » comme l’écrivait Bernanos. Plutôt que d’être des « imbéciles malheureux » choisissons d’être des « imbéciles heureux », dans la lucidité et dans l’espérance. Deux textes lus récemment me donnent à penser que l’exercice n’est pas vain. Le premier est une tribune écrite par une « data scientist » dans le Guardian, où elle présente un extrait de l’introduction de son prochain livre à paraître, et le second est le rapport 2023 de l’Agence Internationale de l’Energie.

Pour le premier, Hannah Ritchie, qui écrit régulièrement dans le Guardian, se base sur les résultats d’exploitations des données de Climate Action Tracker. Elle en tire des conclusions moins alarmistes que celles régulièrement exposées dans les médias. Si le réchauffement climatique est inéluctable, il n’en est pas moins à notre portée de l’atténuer pour le contenir dans des bases raisonnables. L’objectif de +1,5 degré (défini par l’accord de Paris) en 2100 est hors de portée. Mais on n’en est pas non plus, compte-tenu des mesures déjà engagées, sur une trajectoire apocalyptique. Si elles sont poursuivies, les mesures déjà engagées mènent à une hausse des températures moyennes de + 2,5° à + 2,9° d’ici à 2100. Ce qui est en soi important et entraînera des conséquences non triviales, mais laisse une marge de manoeuvre à l’humanité pour s’adapter.

L’Armaggedon climatique n’est pas pour demain. Contrairement aux idées reçues, les catastrophes du vingt et unième siècle, attribuables au réchauffement climatique, ont fait dix fois moins de morts que les grandes catastrophes avant 1950. L’année la plus meurtrière de notre siècle est l’année 2010 avec le tremblement de terre en Haïti qui compte pour la majorité des 300 000 morts de catastrophes naturelles, est loin des décomptes en millions de morts des années de l’inondation la plus meurtrière en Chine en 1931, dont le nombre de victimes est estimé à plus de 3 millions, ou de celle de 1930 qui en a tué 500 000.

Les données, écrit Hannah Ritchie, laissent présager un passage au pic des émissions de gaz à effet de serre dans la décennie 2020. L’Union Européenne a réduit d’un tiers ses émissions entre 1990 et 2020, elle s’est engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Elle continue à faire sa part et à investir dans les énergies renouvelables et le renforcement de l’efficacité énergétique. Les Etats-Unis d’Amérique, qui n’ont signé que tardivement l’accord de Paris, ils ne l’ont intégré qu’en 2021 au moment de l’accession de Joe Biden à la présidence, ont réduit leurs émissions de 20% dans les quinze dernières années. Les prix des énergies renouvelables deviennent plus compétitifs. Tous ces éléments sont encourageants.

Le rapport de l’Agence Internationale de l’Energie, incite également à ne pas désespérer en mettant en avant des signes perceptibles d’un changement de direction sur l’hégémonie des énergies fossiles. Qui aurait cru, en 2020, alors qu’une voiture sur 25 vendue dans le monde était électrique que trois ans après le proportion passerait à une sur 5, soit cinq fois plus? La dynamique à l’oeuvre, ainsi que le ralentissement de l’économie chinoise, rendent de moins en moins attractifs les investissements dans les énergies fossiles.

Le contexte géopolitique et l’instabilité croissante dans les zones de production d’énergies fossiles – ainsi que leurs risques associés, rendent plus impératif le besoin d’assurer une sécurité énergétique pour nombre de pays non producteurs, et de fournir des stratégies durables basées sur la sobriété et les énergies propres. Il faut aller plus vite et plus loin conclut l’AIEA, les défis sont immenses, mais pas hors de portée…

La route est semée d’embûches, la voie sans doute plus étroite qu’en 1992, année du sommet de la terre de Rio, mais elle n’est pas impraticable. En résumé, pour ce premier billet de l’année, je nous souhaite: du courage, du courage et encore du courage, de l’imagination, de la solidarité, et de l’équité. Quant à moi, dans ce blog je m’efforcerai de continuer à rendre compte des initiatives à la fois des voix intéressantes sur le réchauffement climatique et l’avenir de notre humanité sur cette planète dont nous ne sommes que des locataires fugaces, et de ceux qui agissent, essaient, proposent, des voies pour négocier cet avenir qui nous préoccupe.

« (On n’attend pas l’avenir) comme on attend un train. L’avenir est quelque chose qui se surmonte. On ne subit pas l’avenir, on le fait. »

Georges Bernanos

2 Commentaires

  1. Núria Bové Espinalt

    Chère Bénédicte

    Mille mercis pour ce message encourageant ! C’est du baume au cœur.

    Je partage ta vision et ton espérance. Je crois au génie humain malgré toutes les horreurs commises au fil de l’histoire. Le monde sera sauvé et l’humanité aussi. Il faut y croire et espérer en contribuant chacun à son niveau. L’inverse n’est simplement pas admissible.

    Merci de tes vœux! A mon tour, je te souhaite une brillante et belle année 2024 avec plein de textes inspirants comme celui d’aujourd’hui.
    Je t’embrasse

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    • Bénédicte Rousseau

      Merci Nùria, excellente année à toi aussi! Amitiés

      Réponse

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